
Dans cet article, j’entreprends de montrer que Sense and Sensibility est un peu différent des autres romans de l’auteur pour ce qui concerne le traitement qui est fait de la vulnérabilité. Jane Austen y met en scène la vulnérabilité d’une manière plus violente mais aussi plus dialectique que dans ses autres romans. En effet, les héroïnes sont chassées de leur maison par leur propre frère dès le premier chapitre et la vulnérabilité se présente donc comme une donnée liminaire inéluctable. Pourtant ce roman se caractérise par un revirement inattendu : tandis qu’il confronte les lecteurs à la brutalité de la vulnérabilité socialement organisée, il propose aussi une réévaluation du concept, à la fois d’un point de vue éthique et d’un point de vue narratif. La vulnérabilité est redistribuée, réexaminée, et finalement adoptée comme alternative éthique et narrative.