“An amphora like an ampersand found in the sand”: Found Objects as Traces of Memory in Suzannah V. Evans’s Poetry

Résumé

Cet article se penche sur les recueils Marine Objects / Some Language (2020) et Brightwork (2021) de la poète britannique contemporaine Suzannah V. Evans. Dans son œuvre affleure une poétique intertextuelle et intermédiale de l’objet trouvé, qui est en dialogue avec l’expérimentation du modernisme et des avant-gardes, ainsi que plus largement avec la tradition littéraire et artistique. Marine Objects est une séquence de poèmes ekphrastiques, inspirés par Marine Object (1939) de Eileen Agar, un assemblage surréaliste fabriqué à partir d’objets trouvés sur une plage – des fragments d’une amphore antique, quelques coquillages, une corne de bélier et une étoile de mer. La deuxième partie du recueil, Some Language, crée des liens entre cette pratique de l’assemblage surréaliste et l’obsession pour les objets trouvés qui hante le personnage de la nouvelle de Virginia Woolf « Solid Objects » (1918). Cependant, le riche réseau d’images métapoétiques suggère que, chez Evans, ce sont les mots eux-mêmes qui fonctionnent également comme des objets qui peuvent être collectionnés, voire former des assemblages énigmatiques. Enfin, dans Brightwork, écrit pendant un séjour à Underfall Yard, un chantier naval à Bristol, Evans revisite les liens entre les mots et les choses dans la poésie française, notamment les calligrammes d’Apollinaire et le recueil de poèmes en prose de Francis Ponge Le Parti pris des choses (1942). Chez Evans, les objets marins deviennent des catalyseurs de différentes formes de mémoire – la mémoire impersonnelle incarnée par la mer, des bribes de souvenirs traumatiques, ou encore la mémoire collective de la tradition artistique et littéraire.