
Le choix de l’appellation 9.11 (ou 11 Septembre), le « télégramme d’une métonymie » (Derrida) pour nommer l’événement, pointe l’incompréhension et l’« outrepassement du rapport » (Nancy) induite par la terreur. Cet article se propose de montrer comment Art Spiegelman (In the Shadow of No Towers) et Jonathan Safran Foer (Extremely Loud & Incredibly Close) s’appuient sur une narration multimodale pour s’approprier le trauma et (ré)-introduire un rapport au sens. Le 11 Septembre change le statut même de témoignage : la narration ne se substitue plus au silence, mais vient défaire le « témoignage écran » scripté par les médias. À rebours des images médiatiques, In the Shadow of No Towers et Extremely Loud & Incredibly Close plongent le lecteur dans la brûlure du traumatisme pour remettre en mouvement la construction de sens.