
À travers l’étude du film d’art de Fiorenza Menini Untitled, nous proposons d’interroger comment, au lendemain même des attaques sur le World Trade Center du 11 septembre 2001, d’autres voies de l’hommage et du témoignage ont pu émerger dans l’hystérie d’un monde de l’instantanéité. Dans son rôle de passeur, l'artiste investit en effet le champ du réel pour tenter de lui donner un sens en regard de l'histoire qui est partagée par ses contemporains. Le travail de mémoire, sur la mémoire, est donc au cœur de sa mission. Il est celui qui, grâce à son art, décrypte et intègre l'événement dans l’histoire d’une mémoire collective. En ce sens, notre analyse s’efforce de montrer que Fiorenza Menini, en plaçant le spectateur face à l'événement en lui-même, force celui-ci à le penser dans sa singularité en le réinscrivant sur une ligne temporelle réelle. L'événement peut être ainsi commémoré comme souvenir partagé, historique, en dehors de sa représentation d’hystérie médiatique. Untitled nous confronterait alors à cette éthique mémorielle dans sa façon de nous (re)présenter l'événement, en prenant le contre-pied des autres représentations de celui-ci dans l’immédiat après-coup.