
À partir du roman écrit en 2005 par Jonathan Safran Foer, le présent article se propose d’explorer le récit de son jeune héros Oskar dans le but d’y déceler la visée esthétique d’un auteur dans sa façon de contourner les mécanismes généralement utilisés pour évoquer le trauma. En effet, en faisant d’un enfant le héros de son récit du 11-Septembre, Foer s’attache à démultiplier la puissance du traumatisme de la disparition en jouant sur la puissance empathique du lecteur. À travers le point de vue de l’enfant, à travers sa voix narrative, nous verrons ainsi que c’est plus largement la question de l’héritage, et donc de la mémoire, qui est posée entre les lignes du roman. Car, plus qu’un motif symbolisant l’innocence et l’avenir, l’enfance chez Foer s’inscrit dans une histoire, une filiation, dans un continuum ininterrompu entre les générations. Ces multiples correspondances, littéraires, textuelles et historiques, sont au cœur de notre étude.