
Écrit sur le mode confessionnel, récit à la fois introspectif et interactif, Push retrace la reconstruction de Precious, adolescente obèse et illettrée. Victime de ses parents incestueux, elle accouche de deux enfants, dont l’un trisomique. Dans une stratégie de « scriptothérapie » qui fait écho notamment à celle de Celie dans The Color Purple ou de Jefferson dans A Lesson Before Dying, cette (anti-)héroïne a recours à une écriture phonétique, vivante et rythmée, qui fait ressurgir ses souvenirs traumatiques, dans un langage cru qui révèle mieux encore le caractère sordide des abus qu’elle a subis. En portant la voix de la narratrice, ce texte-palimpseste témoigne d’une vie de chaos, tant du point de vue formel que thématique, mélangeant récit, dialogues, dessins naïfs et poèmes sur une page parfois raturée, symbolique d’une perlaboration qui n’est encore pour cette survivante qu’un laborieux, mais prometteur, « work in progress ».