L’autodafé du souvenir : destruction et conservation des lettres dans Cranford (1851-1853) d’Elizabeth Gaskell
Mots-clés :
Cranford, Elizabeth Gaskell, mémoire matérielle, écriture du passé, correspondance, roman victorienRésumé
Dans Cranford, la romancière victorienne Elizabeth Gaskell accorde une place bien particulière aux lettres, notamment dans l’épisode « Memory at Cranford » où la narratrice parcourt avec son amie Miss Matty d’anciennes lettres de famille. Artefacts mémoriels riches en souvenirs et en histoire, celles-ci font néanmoins l’objet d’un autodafé qui entraîne la disparition des traces matérielles des correspondants passés. L’écriture mémorielle que propose Gaskell est donc paradoxale : reposant sur la destruction de l’objet, elle dessine en même temps la possibilité de conserver celui-ci, notamment dans le corps du texte. Il s’agit donc d’interroger la matérialité même d’un texte animé par un travail mémoriel, où les lettres ne sont pas de simples objets porte-mémoire, mais aussi des objets « émissaires » nous parlant d’un passé révolu. Cultivant la porosité de Cranford avec le genre épistolaire, Gaskell questionne ici la pérennité et la postérité de son texte dont la matérialité s’avère tout aussi précaire et combustible que le sont les lettres. Dès lors, les scènes de lecture et de destruction de lettres permettent à la romancière de réfléchir à sa propre auctorialité ainsi qu’à la réception qu’en feront ses lecteurs-destinataires.
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