Vulnérabilité et intronisation carnavalesque dans le film d’horreur américain des années 1970-80

Auteurs

Mots-clés :

Vulnérabilité, Film d’horreur, Slasher film, Carnaval, Charivari, Fool, Masque, Costume, Difformité

Résumé

Cet article se penche sur une série de films d’horreur américains, essentiellement réalisés entre 1971 et 1984, dont le scénario tourne autour de l’humiliation de personnages « souffre-douleur » qui, à force d’être poussés à bout, décident de se venger en exécutant leurs bourreaux dans des scènes de meurtres spectaculaires. L’exemple le plus célèbre de ce genre jamais officiellement répertorié ou théorisé dans l’histoire du cinéma américain est l’adaptation du roman de Stephen King Carrie par Brian De Palma (1976). Ce type de films inverse la représentation américaine traditionnelle de la justice sous son versant vengeur : généralement prise en charge par la figure héroïque du vigilante de la Frontière ou du super héros des comic books contemporains, la vengeance est ici assumée par une figure vulnérable, physiquement diminuée, faible ou difforme. Aberrante dans un contexte culturel américain, cette figure rappelle la connexion archaïque entre corps « grotesque » et corps « politique » qui s’opérait dans les rites carnavalesques médiévaux comme la Fête des fous ou le charivari. Dans ces rites, des personnes marginalisées, n’appartenant à la communauté que de manière socialement ou symboliquement périphérique (enfants, jeunes adultes non mariés, personnes difformes) étaient symboliquement intronisées pour jouer des rôles socio-politiques primordiaux (sanction des transgressions, parodie du sacré, etc.). Cette tradition culturelle populaire fut assez largement censurée aux USA par le Puritanisme. Dès lors, comment comprendre la résurgence du rapport entre corps vulnérable et corps « politique » dans le cinéma américain à partir de 1971 (et sa destitution à partir du milieu des années 80) ? C’est cette question que je me propose d’explorer dans ce texte.

Biographie de l'auteur

Florent Christol, Université Paul-Valéry Montpellier

Docteur en civilisation et cinéma anglo-américain, Florent Christol enseigne l’anglais en lycée et donne des cours sur le cinéma de Tim Burton, le film d'horreur américain, et le cinéma "Reaganien" à l’Université Paul-Valéry, Montpellier 3. Ses travaux portent sur les figures carnavalesques et l’esthétique du grotesque dans le cinéma et la culture anglo-américaine. Il a publié des articles dans des revues telles que Simulacres, CinémAction, Cinémas, Lignes de fuite, et dans des ouvrages collectifs, dont le volume Cinéma et Histoire (Michel Houdiard), George Romero, un cinéma crépusculaire (Michel Houdiard), Le Sud au cinéma (Presses de l’école Polytechnique), Représenter l’horreur (Rouge Profond) et les actes du colloque de Cerisy sur Stephen King et l'horreur contemporaine (Bragelonne). Il prépare un livre sur « Hop-Frog » (Edgar Poe, 1849) et le mythe culturel du « Foolkiller » dans le cinéma d’horreur américain.

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Publiée

2017-01-30

Comment citer

Christol, F. (2017). Vulnérabilité et intronisation carnavalesque dans le film d’horreur américain des années 1970-80. Leaves, (3). Consulté à l’adresse https://revues.u-bordeaux-montaigne.fr/leaves/article/view/266

Numéro

Rubrique

Vulnérabilité et fiction