
Comment penser l’« après » de la terreur ? La terreur n’anéantit‑elle pas toute forme de chronologie ou de linéarité ? Entendue comme une expérience traumatique qui stupéfie le sujet et le plonge dans une hébétude infinie, elle est précisément ce qui nie la possibilité même d’un après. La terreur invite à repenser les catégories temporelles, telles l’antériorité ou la postériorité. Cet article s’intéresse aux traces qu’a laissées la Grande Famine irlandaise dans l’œuvre de J. M. Synge (1871‑1909) et aux raisons qui poussèrent Synge à se tourner plus particulièrement vers le théâtre. Les multiples possibilités qu’offre le théâtre pour traiter des questions temporelles en font un genre particulièrement à même de donner une expression artistique au trauma.