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Dossier

No 12 (2021): Sociability and democratic practices in Britain and Ireland, 1789-1832

“Hard words and hard blows”: Réflexions sur l’éducation à la sociabilité citoyenne par la boxe à l’époque révolutionnaire

Soumis
10 mai 2024
Publiée
13/07/2021

Résumé

La « transformation de la foule en peuple » devient à l’époque révolutionnaire (1790-1815) un véritable enjeu débattu dans les clubs de discussion populaires ainsi que ceux des classes les plus aisées, dans les pamphlets, sermons, romans et recueils de poèmes. L’enjeu de l’amélioration humaine se situe dans le contrôle des passions et leur canalisation par la raison. Toutefois, comment faire converger les passions du peuple vers la formation de valeurs citoyennes, et plus particulièrement le petit peuple, lorsque celui-ci ne possède pas les dispositions intellectuelles nécessaires pour distinguer dans la presse ou dans les sermons le vrai du fallacieux ? Le débat médiatique et politique autour de la boxe nous donne quelques éléments de réponse. Certains réformistes voient en ce sport de combat un formidable vecteur de socialisation politique et citoyenne. Car cette pratique, comme le souligne le journaliste sportif Pierce Egan, a cette capacité d’agir par le principe de la sympathie à la fois sur le corps en le revigorant et sur l’esprit en inculquant « ces principes de générosité et d’héroïsme » qui caractérisent et distinguent la nation anglaise. La « fancy »—le nom donné à la communauté qui s’agrège autour du ring de boxe—est ainsi érigée dans certains discours politiques comme prototype d’un fonctionnement social agonistique qui valorise le conflit tant qu’il est orchestré par des règles car il permet la « libération contrôlée des émotions », essentielle en temps de paix, et la transmission des valeurs fondatrices d’une anglicité virile et conquérante. Cet article se propose d’examiner le rôle joué par la convergence des discours politiques, sportifs et médicaux dans la formation d’une idéologie sportive nationaliste, en laissant le mot de la fin à l’essayiste Hazlitt pour une autre conception du patriotisme.