
À l’époque victorienne, les livres de cuisine et les manuels d’économie domestique révèlent l’essentiel de la vie quotidienne, trahissent les attitudes et les personnalités, reflètent l’évolution du sens de l’identité nationale. En tant que genre d’écriture mineure, ces volumes fonctionnent sur le mode du conseil maternel, prescrivent les choses à faire et à ne pas faire, et guident les jeunes femmes dans chaque étape de leur vie domestique. Les valeurs, convictions et préjugés de l’époque saturent les recommandations, les recettes, et même les illustrations. Ils contribuent à définir un ensemble national de références et de préférences. En s’adressant à un lectorat britannique et colonial, les auteures de manuels ménagers et de livres de cuisine sont parvenues ensemble à naturaliser et à propager les valeurs et préjugés de leur époque.