
Au sein du mouvement Pop Art, le travail de Roy Lichtenstein est indéniablement associé au langage de la bande dessinée ; l’approche des médias de Jay Bolter et Richard Grusin (Remediation : Understanding New Media, 2000) apporte de nouveaux éclaraiges sur ce lien. La notion de remédiation permet en effet de penser ses travaux comme une remédiation de la bande dessinée. Bien que contestable, cette notion permet de lier plus efficacement les stratégies formelles de Lichtenstein à la culture médiatique et au contexte de la période. Dans une première partie, je m’efforcerai de décrire l’hybridité formelle entre le style de la bande dessinée et les objectifs picturaux de Lichtenstein. Dans un second temps, je montrerai comment cette hybridation révèle certaines des contradictions du modernisme à l'égard de la culture de masse. J'étudierai ensuite la façon dont l’artiste repense et transforme certains aspects de la bande dessinée pour les utiliser dans ses toiles. Enfin, je m’interrogerai sur les publics visés par Lichtenstein : associant différents médias tout au long de sa carrière, il n’a en effet pas seulement réformé son médium de prédilection mais a transformé simultanément peinture et bande dessinée.