
Cet article interroge des aspects formels de l’adaptation en bande dessinée de trois œuvres littéraires : Tristram Shandy, Les Voyages de Gulliver et, de manière plus libre, Alice au pays des merveilles. En s’intéressant au point de vue formel, on évoquera des questions telles que les effets d’images hétérotopiques, ceux de techniques mixtes (lavis, aquarelle, dessin numérique) ou l’emploi de calques. Le corpus vise à mettre en évidence trois types d’excentricités, qui sont parfois à l’œuvre simultanément. L’une des manifestations de l’excentricité est le pastiche, source d’humour, ou encore la conjugaison de plusieurs voix satiriques d’époques différentes qui parviennent à se fondre sur la page et dans l’esprit du lecteur-regardeur. Adapter un classique en bande dessinée constitue une manière de valoriser les œuvres maîtresses de la culture visuelle britannique, laquelle, à son tour, est teintée de caricature plus ou moins légère alors que le médium lui-même puise à une multitudes de sources si diverses que l’objet éditorial final peut être perçu comme un OGNI, c’est-à-dire un « objet graphique non identifié ». Le terme même d’objet graphique s’inscrit dans un débat plus large sur l’appellation « roman graphique » par opposition à « bande dessinée » ou en anglais comics.