
Depuis ses origines dans les mythes et légendes de l’Antiquité jusqu’à ses plus récentes manifestations, la fantasy a subi de nombreuses mutations. Jadis reconnue comme un genre « majeur » destiné à un public adulte, elle est à présent considérée comme « mineure » et associée à la littérature pour enfants. Une nouvelle catégorie venant perturber l’opposition binaire entre textes pour enfants et textes pour adultes et connue sous le nom de littérature « pour tous les âges » (all-age) a toutefois récemment vu le jour. Sommes-nous fondés à voir là les prémices de la dissolution des anciennes catégories ? Ou bien simplement un glissement de plus qui permet à la fantasy de réintégrer la sphère des textes réputés « majeurs » sans remettre en question l’existence même de ces catégories ? Ce sont là les questions qu’aborde cet article à la lumière de la trilogie de Philip Pullman, His Dark Materials. Nous verrons ainsi comment les processus de glissement et de dissolution peuvent opérer conjointement dans une seule et même œuvre.