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Vulnérabilité et fiction

No 3 (2017): Vulnérabilité

Ethnic and gendered vulnerability at the fin de siècle: Celtic and female sub/objects in some poetical works of Algernon Charles Swinburne, William Butler Yeats and Arthur Machen

Soumis
2 mai 2024
Publiée
30/01/2017

Résumé

Cet article entend soumettre à l’épreuve des textes britanniques polymorphiques de l’ère fin-de-siècle (1880-1900) l’hypothèse d’une vulnérabilité ethnique, genrée (et, partant, collective), ou celle d’une vulnérabilité inhérente aux qualités intrinsèques de l’individu plutôt qu’à sa classe sociale, ses origines, son rang intellectuel et surtout son sexe. Bien que le celtisme et la féminité aient été perçus comme des formes de vulnérabilité collectives tout au long de l’ère victorienne, la poésie esthétique et décadente a contribué à nuancer l’équation entre les femmes et l’infériorité (ledit « sexe faible ») ainsi que l’idée répandue d’une discrimination raciale chez les Irlandais et les Gallois exilés ou émigrés à Londres. En cultivant une inversion des rôles impartis aux genres et en conférant une énergie aux bardes de la « Renaissance irlandaise » (Celtic revival), la poésie du tournant du siècle souligne l’essence individuelle et non collective de la vulnérabilité. L’œuvre poétique d’A. C. Swinburne est animée de nombreuses femmes fatales qui trouvent des correspondances et des équivalences chez Arthur Machen et W. B. Yeats, dont les personae poétiques déracinées de leur territoire natal tentent d’imposer leur culture minoritaire à l’encontre de l’hégémonie des normes, notamment en déterritorialisant la ville de Londres. Cette prise de pouvoir de la part des vulnérables fin-de-siècle repose toutefois sur des mécanismes illusoires qu’illustre bien l’épisode, dans The Hill of Dreams de Machen, de la plante galloise déracinée puis emportée à Londres avant de flétrir, tout comme le Gallois exilé. La vulnérabilité socio-professionnelle dont souffre l’artiste décadent, qui ne parvient pas à s’adapter à son environnement, repose sur un rejet collectif d’un des courants les plus éphémères et les plus condamnés de l’histoire littéraire : le décadentisme.