
Cet article explore le parallèle entre l’enfant et le primitif qui sous-tend la nouvelle de W. F. Harvey, texte qui appartient à la catégorie du gothique dit « impérial ». Le passé de l’humanité fait intrusion dans la demeure londonienne sous la forme d’une idole africaine qui semble exercer un étrange pouvoir sur la fillette. La nouvelle invite à voir dans l’étrange cas de l’enfant et de l’idole un commentaire sur l’entreprise coloniale et l’œuvre missionnaire contemporaines à l’écriture. Comme bien d’autres textes de l’époque, elle fait jouer la peur de la colonisation à rebours, peur teintée de fascination. Si son rôle est principalement celui d’un observateur, le narrateur adulte semble ne pas être à l’abri de la contamination par le primitif ou l’infantile. En effet, le récit même est comme contaminé par une perspective enfantine et laisse entendre la voix que l’autorité hégémonique s’efforce de réduire au silence.