
Dans son neuvième roman Shalimar the Clown (2005), Salman Rushdie tisse sa narration à partir des destins individuels de personnages représentatifs de destins collectifs. Ainsi, les trajectoires des deux jeunes Cachemiris Boonyi Kaul et Shalimar Noman suivent, reflètent et magnifient le destin collectif du Cachemire. Dans la même logique, la trajectoire de Max Ophuls, ambassadeur des États-Unis en Inde et de sa femme Margaret « Peggy » Rhodes, depuis l’Europe en guerre et à une Inde destinée à la partition, reflète et magnifie les enjeux géopolitiques mondiaux de notre ère. Cependant, Salman Rushdie ne se contente pas d’allégoriser une réalité historique pour faire de ses personnages de simples représentations nationales, régionales ou religieuses. Il engage, à travers ces personnages, une réflexion sur le destin des nations et semble bien soutenir la thèse d’une compulsion de répétition collective depuis la Première Guerre mondiale jusqu’à la décolonisation.