
Née en 1923 à Mayence, d’origine allemande et juive, Lotte Kramer est arrivée en Angleterre avec le Kindertransport au tout début de la Seconde Guerre mondiale. Elle est l’auteur de plusieurs recueils poétiques en anglais, qui est son unique langue d’écriture. Si ses poèmes font résonner les échos douloureux de l’exil, ils n’en sont pas moins un hommage vibrant rendu aux êtres et aux lieux, au pouvoir émotionnel des arts et des objets. Sa poésie peut se définir comme une série d’envolées verbales qui, peu à peu, fait se déliter le silence d’une histoire tout à la fois individuelle, familiale et collective, exhumant divers épisodes de fracture et de reconstruction existentielles. Les objets jouent un rôle essentiel dans ce processus duel, s’insinuant dans la texture des poèmes comme vestiges d’un passé à déchiffrer ou détails d’une vie quotidienne qui ouvre la voie à de nouveaux questionnements. Le présent article envisage les diverses modalités d’apparition de ces objets ainsi que leur résonance poétique.