
La protagoniste de Stigmata de Phyllis Alesia Perry hérite d’un coffre qui contient un journal intime, une couverture et un morceau de tissu ancien. Ces objets mémoire sont plus que ce qu’ils semblent être dans un premier temps. En effet, ils rendent la protagoniste capable d’accéder à certains souvenirs qui ont accompagné leur création. Progressivement, ces souvenirs provoquent des transformations corporelles qui peuvent être vues par d’autres personnages, le plus souvent des blessures et des cicatrices. Ainsi, les souvenirs évoluent : d’abord intériorisés et invisibles, ils refont surface pour finalement devenir visibles de façon choquante. Le roman de Perry traite de la post-mémoire et du retour obsessif du traumatisme familial dans les communautés afro-américaines, mais aussi de la nécessité pour la mémoire de circuler à travers les objets. Les objets mémoire sont présentés comme des talismans magiques qui offrent des aperçus et des sensations du passé. Petit à petit, ils se transforment en fétiches, car ce sont eux qui possèdent Lizzie, plutôt que l’inverse. Ce roman nous parle aussi des bons et des mauvais usages de la mémoire. La survie du personnage principal dépend de sa capacité à surmonter le devoir de mémoire pour que son avenir personnel ne soit pas anéanti par l’attraction du passé. Lizzie a besoin non seulement d’apprendre à connaître son passé familial, mais aussi de modifier les liens mortels qui la lient aux objets dont elle a hérité.