
À un moment charnière de l’histoire et de l’évolution de la société européenne après la Première Guerre mondiale, les auteurs modernistes, Katherine Mansfield et Virginia Woolf en particulier, font des objets un matériau privilégié du processus mémoriel. Ces objets matériels à la forte charge symbolique disent toutefois paradoxalement l’absence plus que la présence : ils s’inscrivent dans une écriture dialectique de la trace et une esthétique du creux pour dire une absence au monde. Si les objets sont ainsi bien investis d’un pouvoir mémoriel et deviennent parfois, au cœur d’une ritualisation du deuil, des objets fétiches, il est essentiel de voir comment ils ne font souvent que dire le vide. Se pose alors la question de la tension entre symbolique et matérialité ainsi que celle de la résistance des objets, dans la diégèse comme dans l’écriture, au surinvestissement de l’imaginaire et de la mémoire.