Writing Objects, Writing Memories: Making Nabokov’s Memory

Résumé

Au sein des textes autobiographiques de Vladimir Nabokov, qui traversent les frontières linguistiques tout comme leur auteur a passé plusieurs frontières géographiques, les objets jouent un rôle très particulier : ils semblent dotés du pouvoir de non seulement activer le processus mnémonique, mais aussi d’ancrer ce processus, par amplification du souvenir. Dans La poétique de l’espace, Gaston Bachelard insiste sur l’importance des maisons du passé, et sur le rôle de la spatialisation dans la mémorisation, un processus largement illustré chez Nabokov, où l’on voit aussi que l’espace textuel mnémonique s’ouvre, et se développe, grâce aux objets. Après une analyse du processus d’amplification à l’œuvre au fil des révisions des textes autobiographiques de Nabokov, cette étude porte sur des objets qui montrent combien les choses sont « douées pour faire imaginer, penser, croire, douter, se rappeler, agir » (Bertrand-Dorléac 19, c’est moi qui souligne), en se concentrant sur les objets métatextuels (crayons, stylo, porte-plume…) et leur pouvoir d’activation de l’écriture. Bien que ces objets métatextuels ne soient ni personnifiés, ni « subjectifiés », ils ont un « style », comme le dirait Marielle Macé, ou un « mode d’existence », pour reprendre le concept de Bruno Latour.