Born from Loss: Desertification and Regeneration of Native America in Sherman Alexie’s Autobiography You Don’t Have to Say You Love Me (2017)

Auteurs

Mots-clés :

Amérindien, Autobiographie, Désertification, Identité, Colonisation, Saumon

Résumé

L’Amérique considérée en tant que « désert » ou « étendue sauvage » par les colons occidentaux est une image erronée volontairement construite destinée à justifier leur hégémonie dans un supposé « nouveau monde ». Les adjectifs « désertifiée », « vidée », « asséchée », ou même « enveuvée » correspondraient mieux. L’Amérique de 1492 était un endroit florissant et bouillonnant de l’activité de peuples divers qui avaient développé des cultures variées sur des millénaires. La colonisation qui eut lieu à partir de 1492 visa à effacer la présence autochtone, que ce soit sur un plan physique, culturel, spirituel, et même mémoriel. Cependant, les Amérindiens ne se conformèrent pas aux « grandes espérances » d’un effacement définitif auquel la société coloniale les avait assignés. Ils réussirent à survivre, à évoluer, à affirmer leur présence. C’est cette tension entre une désertification forcée et une fécondation renouvelée qu’explore l’auteur spokane-cœur d’alene, Sherman Alexie, dans son autobiographie parue en 2017, You Don’t Have to Say You Love Me. C’est cette exploration qui est analysée dans cet article dans une approche en trois parties. Une première partie mettra en lumière les différentes faces du mécanisme génocidaire qui ont conduit à donner de l’Amérique l’image d’un « désert amérindien » et à réduire un multivers de peuples sous une dénomination unique d’« Indien ». Nous verrons ensuite comment ce processus d’effacement des Amérindiens a particulièrement affecté les Spokanes, notamment par la construction de barrages qui ont déstabilisé en profondeur une culture basée sur le saumon, et comment le cancer et la disparition de la mère de l’auteur peuvent être interprétés comme une métonymie du destin tragique des Amérindiens. Si la perte et le chagrin constituent des dénominateurs communs à tous les peuples amérindiens colonisés, Alexie invite aussi à transcender et à sublimer ses larmes pour montrer qu’une régénération de l’identité et de la présence amérindienne reste possible en Amérique du Nord, notamment à travers le pow-wow et les mocassins, comme nous le verrons dans la dernière partie.

Biographie de l'auteur

Fabrice Le Corguillé, Université de Bretagne Occidentale

Fabrice Le Corguillé est docteur en études américaines, professeur certifié d’anglais, et membre associé du laboratoire de recherches HCTI (Héritages et Constructions dans le Texte et l’Image) de l’Université de Bretagne Occidentale (Brest). Il est l’auteur d’Ancrages Amérindiens : Autobiographies des Indiens d’Amérique du Nord, XVIIIe-XIXe siècles (Presses Universitaires de Rennes, 2021).

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Publiée

2022-01-31

Comment citer

Le Corguillé, F. (2022). Born from Loss: Desertification and Regeneration of Native America in Sherman Alexie’s Autobiography You Don’t Have to Say You Love Me (2017). Leaves, (13), 21–36. Consulté à l’adresse https://revues.u-bordeaux-montaigne.fr/leaves/article/view/373