Aller directement au menu principal Aller directement au contenu principal Aller au pied de page

Dossier 1 : Diasporas et migrations asiatiques aux États- Unis. Traumatismes de guerre et écritures féminines

No 6 (2018): Diasporas et migrations asiatiques aux États-Unis / Excentricités de la bande dessinée

“Talking to us,” “inside our silence,” “a recent history”: The Internment of Japanese Americans in Amy Uyematsu’s Poetry

Soumis
2 mai 2024
Publiée
13/07/2018

Résumé

Amy Uyematsu, poétesse nippo-américaine sansei (de troisième génération), native de Los Angeles, a été très affectée, comme nombre d’écrivains nippo-américains de la Côte Ouest, par l’expérience des camps d’internement durant la deuxième guerre mondiale, même si elle est née après. Cet épisode tragique, reconnu officiellement en 1981 comme le fruit du racisme, fut longtemps tu. Sa poésie – cinq recueils à ce jour – tente de remédier à cet oubli doublé d’un déni, où se rejoue le déracinement originel de l’immigration. Son œuvre restitue petite et grande histoires, au travers de bribes de vécu refoulés dans le silence – silence stigmatisant qui a enfermé Sino-Américains et Asiatiques-Américains dans une image de passivité complaisante, contre laquelle leurs enfants se sont révoltés. L’écriture a d’abord été une arme pour la poétesse, qui a milité dans sa jeunesse pour « l’Émergence du pouvoir jaune » (1969), rejetant cette compromission silencieuse. Coupée de sa langue, de sa culture et de ses racines japonaises, elle réussit à surmonter « le silence des pères » et à rebâtir un lien avec la première génération issei en apprenant le japonais, mot à mot, en improvisant des chants pour son fils, en recréant et réinventant ce qu’elle veut transmettre. Ce sont les femmes, notamment les artistes comme elle, les Sansei de la troisième génération, qui osent briser le silence et transmettre leur histoire à travers chants et poèmes, mais aussi par le « rythme, la gestuelle et la mémoire ». Le silence devient ainsi une voie vers l’apaisement, la compréhension et la « reliance » aux ancêtres. Amy Uyematsu propose, dans une poésie de plus en plus méditative au fil du temps, une guérison de l’intérieur et une ré-union des générations, en s’adressant d’abord aux siens, puis à elle-même, depuis « l’intérieur de notre silence ».