Quand le mémoire culinaire donne des leçons d’histoire : Pig Tails ‘n’ Breadfruit d’Austin Clarke

Auteurs

Mots-clés :

Mémoire culinaire, Austin Clarke, Barbade, Créolisation, Esclavage, Résilience

Résumé

En 1999, Austin Clarke, né sur l’île de la Barbade, publie Pig Tails ‘n’ Breadfruit: A Barbadian Memoir, au moment où le genre du mémoire culinaire est populaire, notamment auprès des communautés noires américaines et diasporiques. Le mémoire culinaire est aujourd’hui considéré comme une forme d’auto-ethnographie, qui ouvre un espace où des voix et points de vue alternatifs peuvent s’exprimer. Ce genre particulier est le moyen utilisé par Clarke de transmettre sa passion de mémoire, sa version de l’histoire culinaire de la Barbade, qui implique de nombreuses libertés prises avec l’histoire et la géographie « officielles ». Ces réécritures lui permettent de transmettre sa version de l’Histoire et sa situation de Caribéen. Les circulations de nourriture sont le moyen de mettre en lumière les migrations récentes mais aussi historiques, dont les migrations forcées. La cuisine de la Barbade raconte l’histoire d’une île caribéenne dominée par le système de la Plantation ; Clarke y décrit à la fois un univers d’oppression et la résilience obstinée d’humanités. Si Clarke se démarque des auteurs afro-américains qui retracent l’origine africaine des nourritures et des plantes, c’est pour mettre en lumière la forte créativité caribéenne, linguistique et culinaire, et la transmission de pratiques. Le mémoire culinaire qui met l’accent sur les gestes du cuisinier, et non la consommation des nourritures, se fait livre hommage aux Barbadiennes à la fois cuisinières et poètes. Réunissant les deux formes de savoirs qu’il avait d’abord opposées, créolisant le livres de recettes par son recours au « Bajan », transformant le lecteur passif en acteur /cuisinier, Clarke lui transmet sa « passion de mémoire » (Glissant) et sa passion culinaire.

Biographie de l'auteur

Corinne Bigot, Université Toulouse - Jean Jaurès

Corinne Bigot est maître de conférences en littératures anglophones du Commonwealth et civilisation canadienne à l’Université Toulouse – Jean Jaurès. Ses recherches portent sur la littérature canadienne ; elle est l’auteure de nombreuses publications portant sur l’œuvre de la nouvelliste canadienne Alice Munro, dont une monographie, Les Silences de la nouvelle (Presses Universitaires de Rennes, 2014) et deux directions d’ouvrages. Une autre orientation de sa recherche se tourne vers la nouvelle postcoloniale, comme genre distinct : un article intitulé “ ‘By Way of Their Fingers’: Making Sense of Self and Home in Selected Short Stories by Edwidge Danticat, Chitra Banerjee Divakaruni and Chimamanda Ngozi Adichie” est publié dans Women on the Move: Body, Memory and Femininity in Present-day Transnational Diasporic Writing, dirigé par Silvia Pellicer-Ortin & Julia Tofantšuk (Routledge 2018). Récemment, elle s’est intéressée à l’autobiographie et au genre du mémoire culinaire. Elle a co-dirigé, avec Valérie Baisnée, Nicoleta Alexoe-Zagni, et Claire Bazin, un volume sur l’autobiographie féminine, Women’s Life Writing and the Practice of Reading (Palgrave Macmillan, 2018) et avec Kerry-Jane Wallart et Andrée-Anne Kekeh-Dika un numéro spécial de la revue Wagadu consacré à Jamaica Kincaid (vol 19 2019). Ce présent article sur le mémoire culinaire de l’écrivain canadien Austin Clarke réunit ses intérêts pour le mémoire culinaire, la littérature de la diaspora et la littérature canadienne.

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Publiée

2023-01-31

Comment citer

Bigot, C. (2023). Quand le mémoire culinaire donne des leçons d’histoire : Pig Tails ‘n’ Breadfruit d’Austin Clarke. Leaves, (15), 62–74. Consulté à l’adresse https://revues.u-bordeaux-montaigne.fr/leaves/article/view/22